lundi, juin 22, 2015

Patrice Bodin et les CRS assassins !

Patrice, c'est celui qui m'a vraiment appris le métier de guide, un schizo comme moi, un indien, un qui savait écouter le vent, regarder les nuages et lire les âmes, un être extraordinaire, un grand guide aussi, un de ceux avec qui on se sentait en sécurité, un de ceux avec qui on sentait qu'on s'en sortirait toujours. Il piquait parfois des colères, des colères d'artiste, des colères d'indien, ce qu'il disait était juste.

Le métier de guide c'était pour lui, comme pour moi, un espace de liberté. Comme schizos nous avions notre place. Nous n'avions pas la sécu, nous ne demandions rien, juste vivre libres sous le ciel étoilé et dignement, avec notre métier.

Et le monde a changé. Les ripoux ont créé leurs écoles pour former le plus de fonctionnaires aux brevets d'état de la jeunesse et des sports, et ces fonctionnaires, avec beaucoup de temps libre, ont convoité ce que faisaient les privés, ceux qui ne demandaient rien. Ils ont franchit la barrière et ont commencé à cumuler public pour la sécurité de l'emploi, les avantages, et privé pour arrondir les fins de mois et plus car le rivé pouvait payer plus que le public. Et comme c'était au début illégal, ils ont bidouillé les lois pour se "légaliser" tout cela. Et de fait ils sont devenus des criminels et des assassins.

Patrice Bodin, avec sa schizo, avait senti cela de suite, il sentait le crime qui venait de ces ripoux. Un jour il refusa lors d'un "recyclage" de s'assoir à coté de CRS prétendument guides. Ces recyclages...un moyen de repérer les indiens, les irréductibles, ceux qu'il fallait éliminer en priorité. Ces brevets d'état permettaient à des "inadaptés sociaux"  dont je fais partie, l'armée m'a révoqué définitivement pour cela, de trouver des métiers où ils pouvaient exceller. Le monde avait changé, l'espace de liberté se réduisait considérablement avec l'arrivée des ripoux, ces fonctionnaires qui cumulaient public et privé. Ces derniers ont vite compris comment éliminer les privés bien meilleurs qu'eux sur le plan professionnel, mais inadaptés sociaux. Ils suffisait de rappeler les normes sociales qui, à la demande de toutes ces administrations devenaient lois opposables à tous, de plus en plus complexes et codifiées. La sécu n'était pas obligatoire à mes début, c'était génial cette époque. Et nous avons basculé dans la sécu obligatoire...pour nous rendre service...pour nous protéger...en fait pour nous éliminer et cela a été fait, nous avons bel et bien été éliminés.

Patrice s'est rendu compte qu'il ne pouvait plus vivre dans ce monde de merde, cette dictature administrative criminelle. Vous vous rendez compte du drame de ces plus de 80 millions d'indiens, lorsqu'ils se sont rendus compte qu'ils ne pouvaient plus vivre libres chez eux, plus exister dans le monde des blancs qui arrivaient en masse? 

Moi j'ai survécu. Je n'ai pas suivi l'exemple de Patrice. Je me suis adapté en ne faisant plus le guide. J'ai laissé ma place aux ripoux, aux guides fonctionnaires qui eux étaient bien dans les clous administratifs. J'ai fait comme les indiens, j'ai vécu des subsides dans une sorte de réserve. Ah la belle république que voilà. J'ai été trainé dans des tribunaux parce que j'étais hors des clous, interdit de ceci ou de cela, à la demande des ripoux, interdit même d'exercer pour me priver de toutes ressources.

Je vivais dans un autre monde, j'étais schizo, je ne pouvais plus exercer mon métier dans ce monde qui avait changé, dans cette dictature administrative, je ne pouvais plus faire la Walker avec des clients, non c'était fini, ce monde avait commis le pire des crimes, il avait tué le rêve. Bon, il avait tué aussi tout court, Patrice et tant d'autres en étaient morts. Et ce n'était pas comptabilisé, nulle part, passé sous silence avec en sus une impunité totale accordée aux assassins.

Je suis un observateur. J'ai survécu et j'ai vu, j'ai entendu, j'ai enregistré...pour le compte de la Justice Athanatique, celle qui attend toutes les âmes après la mort...