LA PROVENCE - ALPES
Le périple d'Ivano Ghirardini, des rochers de Saint-Jean au terrible K2
Mardi 28/03/2017 à 05H04 - mis à jour à 14H11
La salle des fêtes était comble pour le
déroulé de la carrière de l'alpiniste
Samedi soir, après que le maire Patrick
Martellini a présenté la soirée de son cousin Ivan au public, il
a rappelé qu'ils avaient fait le tour du Mont-Blanc ensemble dans
leur jeunesse et l'a remercié pour lui avoir donné l'amour de la
montagne et de l'Ubaye en particulier. La salle des fêtes de
Château-Arnoux faisait salle comble et environ 250 personnes ont
assisté au déroulé de la carrière d' Ivano Ghirardini.
Le petit Saint-Aubanais (il avait 1 an en arrivant
d'Italie) est devenu un grand parmi les alpinistes. Passionné, il
a 20 ans quand il réalise ses premières armes à la maison sur
les rochers de la colline de St-Jean et à la Beaume à Sisteron
puis en Ubaye. Aspirant guide au même âge, il s'entraîne
durement. "Il se pendait pendant des heures par les mains
pour s'endurcir, il laissait ses pieds dans des seaux remplis de
glaçons également très longtemps ... On se disait qu'il était
jobard de faire ça. En fait ça a payé et il est devenu un grand
bonhomme", nous chuchote un de ses amis d'enfance non
initié à l'alpinisme. Ensuite, c'est une véritable carrière de
guide de haute montagne et d'alpiniste qui le conduit un temps à
Chamonix. Les sommets se succèdent, les premières aussi.
À 21 ans, après seulement deux ans de pratique,
il est le premier à effectuer en hiver et en solitaire la
trilogie, soit la face nord des Grandes Jorasses, le Cervin et
l'Eiger. Ivano Ghirardini ne se satisfait pas des cordées tracées
et balisées. Il veut gravir les plus hauts sommets du monde par
les voies vierges des premières et si possible, seul.
Dans Les Grandes Jorasses il passe à deux doigts
de la mort. Perdu 6 jours dans la tempête, à cours d'eau et
nourriture, se nourrissant exclusivement de boules de neige, il est
miraculeusement repéré par un hélicoptère. Il pèse alors 42
kgs et sa température est de 27°. De diapo en diapo, toute une
vie se déroule sous les yeux du public et des sommets mémorables
sautent à la figure l'un après l'autre. C'est simple, il a
quasiment gravi tous les plus hauts sommets de la planète.
"Explorer, ça fait partie de la nature humaine !"
L'argent étant le nerf de la guerre, ses sponsors se nomment
Lafuma pour le matériel, Eider pour les vêtements et Galibier
pour les chaussures. Sans eux, il y aurait eu moins de traces
d'Yvan sur les sommets du monde.
Vient alors le K2. Le terrible K2. "C'est
un colosse, une montagne puissante", précise Yvano. Il
est plus dur et plus redouté que l'Everest, plus meurtrier aussi.
Situé à la frontière de la Chine et du Pakistan, au début de la
chaîne de l'Himalaya, il culmine à 8611 m. La "Montagne sans
pitié" a déjà tué 85 alpinistes et porteurs. Personne n'a
réussi à le gravir en hiver. L'expédition nationale montée en
1979 compte 14 alpinistes, 1500 porteurs en tout et durera 3 mois.
Yvano est du voyage. Des à-pics de 3000 m sous les pieds, des
crevasses gigantesques.
L'expédition échouera à 8450 m, soit à 150 m
du sommet à cause du mauvais temps Au fil des diapos, on est
impressionné par le nombre de compagnons de route d'Ivano qui ont
trouvé la mort en pratiquant leur passion. Nombre de leurs corps
dorment encore sous les neiges éternelles et Yvano contient son
émotion en se remémorant leur mémoire.
Aujourd'hui, Ivano Ghirardini coule une retraite
tranquille à St-Auban. Ses mains et ses pieds sont meurtris de
tant de gelures et de meurtrissures mais dans ses yeux on voit tous
les sommets du monde briller en pleine lumière.