mardi, mars 28, 2017

Un grand succés pour la conférence

LA PROVENCE - ALPES

Le périple d'Ivano Ghirardini, des rochers de Saint-Jean au terrible K2

Mardi 28/03/2017 à 05H04 - mis à jour à 14H11
La salle des fêtes était comble pour le déroulé de la carrière de l'alpiniste


Le périple d'Yvano des rochers de Saint-Jean au terrible K2 - 1
Pendant deux heures ses exploits ont été relatés. Dans Les Grandes Jorasses, Ivano est passé à deux doigts de la mort. Perdu 6 jours dans la tempête, il est repéré par un hélicoptère. Photo J.-M.D.
Le périple d'Yvano des rochers de Saint-Jean au terrible K2 - 2


Samedi soir, après que le maire Patrick Martellini a présenté la soirée de son cousin Ivan au public, il a rappelé qu'ils avaient fait le tour du Mont-Blanc ensemble dans leur jeunesse et l'a remercié pour lui avoir donné l'amour de la montagne et de l'Ubaye en particulier. La salle des fêtes de Château-Arnoux faisait salle comble et environ 250 personnes ont assisté au déroulé de la carrière d' Ivano Ghirardini.
Le petit Saint-Aubanais (il avait 1 an en arrivant d'Italie) est devenu un grand parmi les alpinistes. Passionné, il a 20 ans quand il réalise ses premières armes à la maison sur les rochers de la colline de St-Jean et à la Beaume à Sisteron puis en Ubaye. Aspirant guide au même âge, il s'entraîne durement. "Il se pendait pendant des heures par les mains pour s'endurcir, il laissait ses pieds dans des seaux remplis de glaçons également très longtemps ... On se disait qu'il était jobard de faire ça. En fait ça a payé et il est devenu un grand bonhomme", nous chuchote un de ses amis d'enfance non initié à l'alpinisme. Ensuite, c'est une véritable carrière de guide de haute montagne et d'alpiniste qui le conduit un temps à Chamonix. Les sommets se succèdent, les premières aussi.
À 21 ans, après seulement deux ans de pratique, il est le premier à effectuer en hiver et en solitaire la trilogie, soit la face nord des Grandes Jorasses, le Cervin et l'Eiger. Ivano Ghirardini ne se satisfait pas des cordées tracées et balisées. Il veut gravir les plus hauts sommets du monde par les voies vierges des premières et si possible, seul.
Dans Les Grandes Jorasses il passe à deux doigts de la mort. Perdu 6 jours dans la tempête, à cours d'eau et nourriture, se nourrissant exclusivement de boules de neige, il est miraculeusement repéré par un hélicoptère. Il pèse alors 42 kgs et sa température est de 27°. De diapo en diapo, toute une vie se déroule sous les yeux du public et des sommets mémorables sautent à la figure l'un après l'autre. C'est simple, il a quasiment gravi tous les plus hauts sommets de la planète. "Explorer, ça fait partie de la nature humaine !" L'argent étant le nerf de la guerre, ses sponsors se nomment Lafuma pour le matériel, Eider pour les vêtements et Galibier pour les chaussures. Sans eux, il y aurait eu moins de traces d'Yvan sur les sommets du monde.
Vient alors le K2. Le terrible K2. "C'est un colosse, une montagne puissante", précise Yvano. Il est plus dur et plus redouté que l'Everest, plus meurtrier aussi. Situé à la frontière de la Chine et du Pakistan, au début de la chaîne de l'Himalaya, il culmine à 8611 m. La "Montagne sans pitié" a déjà tué 85 alpinistes et porteurs. Personne n'a réussi à le gravir en hiver. L'expédition nationale montée en 1979 compte 14 alpinistes, 1500 porteurs en tout et durera 3 mois. Yvano est du voyage. Des à-pics de 3000 m sous les pieds, des crevasses gigantesques.
L'expédition échouera à 8450 m, soit à 150 m du sommet à cause du mauvais temps Au fil des diapos, on est impressionné par le nombre de compagnons de route d'Ivano qui ont trouvé la mort en pratiquant leur passion. Nombre de leurs corps dorment encore sous les neiges éternelles et Yvano contient son émotion en se remémorant leur mémoire.
Aujourd'hui, Ivano Ghirardini coule une retraite tranquille à St-Auban. Ses mains et ses pieds sont meurtris de tant de gelures et de meurtrissures mais dans ses yeux on voit tous les sommets du monde briller en pleine lumière.