mardi, juin 16, 2015

Le Sommet des Dieux









































Le sommet des Dieux:  

La compétition ouverte entre Habu Jôji et Hase Tsuneo ressemble d’ailleurs beaucoup à celle qui opposait Ivano Ghirardini et Tsunéo Hasegawa à la fin des années 70. Ce qui est surprenant dans ces destins parallèles entre Ivano Ghirardini et Tsunéo Hasegawa et reproduit en partie sur la bd c'est qu'un des deux alpinistes meurt en montagne sur une montagne qui veut dire le "dernier pic", l'Ultar avec la racine ult comme ultime. A mon humble avis, le créateur de la bd a "croisé" les destins de ses deux personnages imaginaires, Habu Jôji et son rival Hase Tsuneo, par rapport à la réalité qui a servi de base.
Le Sommet des dieux (神々の山嶺) adaptation de l'œuvre originale de Baku Yumemakura, dessinée sous forme de manga en noir et blanc par Jirō Taniguchi, tous deux auteurs japonais, pose un vrai problème puisque cette création part de faits puisés dans la réalité historique pour créer une fiction, une sorte d'archétype du héros, alpiniste solitaire. "Fukamachi va rencontrer Habu Jôji, grand alpiniste, et par la même occasion enquêter sur l'histoire entre lui et son rival Hase Tsuneo, qui pourrait l'aider dans sa recherche." il est facile de faire le rapprochement rentre Ivano Ghirardini et Tsunéo Hasegawa sauf que la réalité est très loin de la fiction. Tsunéo Hasegawa est effectivement un héros dans son pays, le Japon, et cela va le tuer, ce point de vue est personnel, non pas une montagne trop loin, mais parce que cette image de héros ne lui correspond pas. Hasegawa est avant tout un être fortement spirituel, il est vraiment à la recherche des "Dieux" sur les sommets qu'il gravit. La distorsion entre ces deux notions presque incompatibles est trop forte et elle le tue. Ivano Ghirardini, se fait démolir à Chamonix, c'est un schizoïde paranoïde et finalement, cela lui sauve la vie. C'est un paradoxe.
Les auteurs de la bd n'ont pas compris un schéma aussi complexe, ils en restent au schéma du "héros", qui survit à tout, même à la mort, comme dans nos mythologies occidentales.
Ce qui confirme que la réalité est bien plus complexe que n'importe quelle fiction.

Je pense vraiment que Tsunéo cherchait les Dieux dans toutes ses ascensions. Peut être fallait-il qu'il passe la porte lors de l'Ultar, le "dernier Pic", pour les voir. Comme pour les héros nordiques, mourir le piolet à la main, est-ce une façon directe de rejoindre le Paradis, les Champs Élyséens, la fertile Phtie Céleste ? Nous ne pouvons savoir. Mais au choix d'Achille, je préfère la réponse que lui prête Homère dans l'Odyssée: Achille préfèrerait être le dernier valet de ferme et être encore en vie qu'un héros mort avec une gloire éternelle. Le choix d'Achille dans l'Iliade, d'une vie courte et glorieuse fût il le bon? Nous ne saurons jamais là non plus, le version d'Homère prête à discussion. Ciao Tsuneo. J'espère que les 72 vierges du Paradis te servent une douce ambroisie. C'est tout le mystère de nos vies ici bas, courtes et éphémères comme des rêves. Il faut parier, il faut choisir, c'est sûr. Les Dieux ont beaucoup d'humour. Ils se réjouissent de nos expériences en vie.